Petite présentation en quelques paragraphes de ma petite Eva

"Il existe une certaine ressemblance entre le contact d'une brise glacée et celui d'une lame de poignard lorsque l'une ou l'autre vient vous caresser la nuque." C'est ce que je n'ai pu m'empêcher de penser quand j'ai cru que ma dernière heure était arrivée...
J'avais huit ans et je me glissais parmi la foule telle une flèche filant vers sa cible. La clef était de ne pas se faire remarquer mais je n'avais aucune inquiétude. Cela faisait maintenant trois ans que je répétais sans cesse les mêmes vols pour pouvoir survivre, mes parents étant morts dans une guerre sur un autre continent appelé Tyrie et n'ayant aucune famille, je n'avais pas d'autres choix. C'est alors que je remarquai ma proie, sans ralentir mon allure, ma main sortis un instant de sous ma cape pour s'emparer d'un jambon et y retourna aussitôt. Personne n'avait rien vu, le boucher hélait toujours les passants en vantant les mérites de sa viande. Je poursuivis ma route vers ma "maison" aménagée sur le Chemin de Bukdek mon butin toujours à l'abris sous ma cape. Arrivée dans le coin de l'impasse où j'avais élu domicile je m'arrêtais en retenant mon souffle. J'avais repéré un mouvement, aussi furtif soit-il il ne m’avait pas échappé. J'attendais, immobile, guettant le moindre bruit mais n'apercevant rien. Au moment où je commençais à relâcher mon attention, quelque chose de dur et de froid toucha ma nuque. J'étais trop glacée pour tressaillir. J'aurais fermé les yeux si j'en avais été capable, au lieu de quoi je les gardai braqués devant moi, dans le vide. Puis j'entendis une voix douce, presque soyeuse, dans mon oreille :
_ Tu sais que voler n'est pas bien petite.
Je ne répondis rien, étant incapable de formuler une phrase. Tout à coup la pression se desserra et la lame disparue dans l'un des nombreux étuis cachés sur la femme qui se tenait maintenant en face de moi. C'était une assassine comme il y en avait beaucoup à Kaineng, son armure était violette, assortie à ses yeux et ses cheveux. Je l'aurais qualifié de magnifique si je n'avais aucun souvenir de ma mère. Elle était belle certes mais ce n'était rien comparé l'assassine qui m'avait donné la vie. Pendant que mon cerveau débitait ces comparaisons inutiles la voix repris :
_ Je m'appelle Nika et je fais partie de la Flamme d'Obsidienne, une organisation secrète d'assassins.
_...
_ Je suis venue ici aujourd'hui pour te proposer une formation à mes côtés. Bien sur ensuite si tu ne t'y plais pas tu pourras toujours quitter la Flamme d'Obsindienne mais j'ai remarqué que tu étais incroyablement douée pour ton âge surtout dans l'art de la discrétion et j'aimerai t'avoir dans mes rangs.
_...
_ Alors, acceptes-tu ?
Je bredouillai un "oui" me rendant compte que c'était peut-être la seule chance qui me serait donnée. Et puis le métier d'assassin me plaisait bien, c'était une façon de ressembler à mes parents.




Je glissai le dard empoisonné dans son emplacement sous le col empesé de ma cape, à côté du crochet à serrures. Il ne devait pas trop s'enfoncer, sans quoi il me serait difficile de l'atteindre rapidement. Cela faisait maintenant neuf ans que je travaillais pour Nika, qu'elle m'avait appris tout ce qu'elle savait et m'avait offert son amitié. Ce jour était peut-être notre dernier entretient, en tous cas c'est ce qu'elle pensait. Après avoir installé toutes mes armes et autres babioles sur mon armure et dans ma cape je la rejoignis dans son bureau. Elle me raconta la situation de l'empire, le risque que courait l'empereur et sa rencontre avec un ancien ami appelé Togo qui venait lui demandé de l'aide. Pour finir elle m'avoua qu'elle n'avait plus rien à m'apprendre et qu'elle préférait que je quitte la Flamme d'Obsidienne pour aller aider Togo. En quête de nouvelles aventures, j’acceptais. Elle me conseilla de prendre le bateau pour le Monastère Shing Jea, d'apprendre une seconde profession et de suivre les instructions de Maitre Togo. Elle m'avait tout donné, je ne pouvais lui refuser pareille demande c'est pourquoi je partis.

L'île était magnifique, n'ayant jamais quitté les bidonvilles de Kaineng j'avais juste eu le loisir d'imaginer les champs, les prairies et les montagnes décrites dans les nombreux livres que j'avais dévorés. Et bien je m'étais méprise, ce n'était pas "joli" non c'était splendide, merveilleux et même plus que cela.
Durant les entrainements donnés par les nombreux professeurs et les quêtes qu'on m'envoyait faire un peu partout, j'eu le plaisir de combattre autre chose que des êtres humains et de m'extasier à la découverte de ce petit paradis. Outre les entrainements, je passais des heures à l'étude d'une seconde profession. J'avais toujours rêvé pouvoir maitriser ce qui m'entourais, je choisis donc élémentaliste et appris à contrôler l'eau, le feu, l'air et la terre.
Malgré tout cela, il me restait heureusement quelques temps libres que j'aurais pu dépenser en explorant l'île plus profondément mais, il s'avéra que le monastère était très loin de ce que j'avais pu imaginer, ce n'était ni calme ni silencieux ni même serein. En effet, une foule d'élèves était continuellement massée sur la place centrale occupée à jouer, à rigoler et même parfois à s'insulter.


Le temps est passé, la vie a changé, j'ai mené de nombreuses batailles, fait beaucoup de rencontres bonnes comme mauvaises mais j'ai surtout découvert quelque chose d'exceptionnelle. En effet, dans ce monde on peut se dématérialiser et réapparaître sous une autre forme et ainsi apprendre et maîtriser de nouvelles professions. Je les ai toutes testées et celle de moine m’a conquise, bien sur je serai toujours une assassine dans l’âme mais, il est vrai que je passe aujourd’hui la plupart de mon temps sous forme d’une petite moinette, brune et bien élevée même si cela reste encore à prouver pour certains. C’est donc sous cette forme que je vais me présenter aujourd’hui à vous, descendants de Fafnir.
Je me nomme Eva et ce prénom est la seule trace qu’il me reste de mes parents mais ce n’est ni le lieu ni le moment pour être sentimentale..
Mon âge, c’est un secret, vous pouvez le deviner, du moins essayer car les indices sont bien cachés.
Comme vous avez pu le comprendre je me suis élevée toute seule et j’ai beaucoup de combats, de tristesses mais aussi de joies derrière moi.
Je vous rejoins aujourd’hui dans l’espoir de pouvoir partager avec vous de nouvelles guerres, de nouvelles explorations et surtout beaucoup de bons moments.
Avec toute ma sympathie, je vous salue Wyrds et vous remercie de m’accueillir parmi vous.